Les lendemains des Gardiens des Murailles déchantent

Deux pays gagnants, une population doublement perdante

Puisque même des journalistes jusqu’alors sérieux[1] cèdent à la facilité du Hamastiquement correct, il n’est pas inutile de rappeler brièvement l’enchaînement des causes et des effets de ce dernier épisode en date de la guerre d’annihilation palestinienne contre Israël, qui a encore échoué.

Le Hamas chante victoire, bien que toutes ses infrastructures aient été détruites, Israël murmure, sans fleur au fusil, que ce n’est pas la der des ders et Biden s’imagine qu’on va le croire devenu homme d’État. Il dit avoir obtenu le cessez-le-feu par son action décisive… Mais assure Israël qu’il l’aidera à améliorer son Dôme de fer avant la prochaine offensive génocidaire de son voisin oriental[2].

Ceux qui ont tout perdu sont les Palestiniens, boucliers humains du Hamas, victimes des tirs de roquettes qui ont fait long feu (un quart environ des 4070 tirés en dix jours), qui pour être des « tirs amis », n’en ont pas moins été mortels.

Les Gazaouis sont esclaves du Hamas, les Cisjordaniens cocus d’Abbas, privés d’élections depuis 17 ans. C’est peu de dire qu’ils n’ont rien gagné à cet affrontement.

 

Retour au point de départ

Les chancelleries vont se réunir pour chiffrer les « gestes humanitaires » nécessaires à la reconstruction de Gaza. Le Hamas utilisera ces fonds pour rebâtir ses tunnels[3] et reconstituer son arsenal. Le ministre français des Affaires étrangères joue les comiques troupiers en affirmant que « l’Europe est puissante » et que si Israël ne l’écoute pas,  « Le risque d’apartheid est fort[4] ». Non, il ne parle pas des 750 zones de non droit, pardon, de sécurité prioritaire, en France, mais d’Israël.

Les vrais problèmes demeurent, comme chaque fois qu’Israël, attaqué, répond et se trouve forcé d’arrêter son avance par « les chancelleries », dès que la possibilité d’une réelle victoire se fait jour.

Peut-on sérieusement, même quand on a l’ego de Montgolfière Biden ou de Vessie-Comme- Lanterne Le Drian, envisager une paix durable entre un mouvement dont la charte stipule qu’il a été créé pour exterminer les Juifs et qu’il continuera la lutte jusqu’à ce que plus un seul ne soit vivant sur le sol du Moyen-Orient[5] et l’État d’iceux, si l’on ne désarme pas rigoureusement le territoire de l’agresseur ?

 

Bref rappel des épisodes précédents 

Le plan de partage voté par l’ONU en 1947 prévoyait un gruyère majoritairement désert, sans continuité territoriale pour les Juifs, un État plus grand avec continuité territoriale pour les Arabes de Palestine et Jérusalem sous administration internationale.

Sept Goliath arabes ayant attaqué le nouveau-né État juif la nuit même de sa naissance (15 mai 1948), le petit David a non seulement évité l’extermination programmée, mais en plus, il s’est retrouvé, au moment de l’armistice, avec un territoire plus grand que prévu, dont un petit bout de Jérusalem.

La Jordanie en a profité pour annexer la Cisjordanie, ainsi que la plus grande partie de Jérusalem, notamment les lieux saints des Juifs, à qui elle en a interdit l’accès.

Nulle protestation de l’ONU n’a été entendue, jusqu’à la guerre des Six Jours où, rebelote, les Juifs ont survécu et, cette fois-ci, réunifié Jérusalem.

Le concert des Nations ne cesse, depuis, de trompéter qu’ils doivent se départir de leur capitale trimillénaire et de leurs lieux saints : sans la gêne des Juifs, y a pas de plaisir…

 

Les obstacles à la paix

  • Les Palestiniens version extrême, c’est-à-dire élevés dans l’antisémitisme viscéral et dans l’idéal du martyre, considèrent que le seul obstacle à la paix universelle, dans Dar al-islam (le monde de l’islam, seul environnement où le mot « paix » a un sens) est la présence d’Israël entre la Mer (Méditerranée) et le Fleuve (Jourdain de son nom de famille).
  • L’environnement politique d’Israël et les organisations internationales, bien que volatiles et fluctuantes dans leurs alliances, ont cependant convaincu les Jordaniens de Cisjordanie et les Égyptiens de Gaza qu’ils veulent un État Palestinien indépendant parce qu’ils sont un seul et même peuple.
  • Le gloubi-blouga de l’idéologie woke a largement infecté les médias planétaires et corrompt les opinions internationales au point d’alimenter une cinquième colonne au sein de l’État juif et un antisémitisme allant jusqu’au meurtre dans les pays où existe une diaspora juive.
  • Vue de l’extérieur, la haine coranique des musulmans pour les Juifs, qui les conduit à souhaiter l’annihilation d’Israël plutôt qu’un, ou deux ou trois États vivant en paix, n’a pas besoin de carburant supplémentaire. On remarque, d’ailleurs, les monarchies pétrolières sont plus discrètes sur ce conflit à leur porte que la France, qui l’importe à 3000 kilomètres.

 

Les obstacles sont-ils surmontables ?

  • L’éducation des petits Palestiniens est financée en grande partie par l’Europe, qui ne demande aucun contrôle sur les sommes astronomiques qu’elle verse dans les escarcelles palestiniennes. Elle offre au système scolaire des manuels sur lesquels elle s’abstient également de vérifier qu’ils ne contiennent pas d’incitation à la guerre et au meurtre, ni qu’Israël est présent sur les cartes de géographie. Bien entendu, le pays des Juifs ne figure nulle part et le programme de maths enseigne l’addition de cadavres juifs et la soustraction de martyres.
    Le ministère palestinien de l’éducation est donc pardonnable de prendre cette liberté de ses sponsors pour un imprimatur. Pour autant, cette situation est-elle inéluctable et éternelle ? Les citoyens des pays contributeurs ont leur mot à dire. S’ils ne le disent pas, c’est que la situation actuelle leur convient… ou qu’ils ignorent à quoi servent leurs impôts.
  • Le passé de l’Iran et de la Turquie, qui faisait d’eux des amis d’Israël permet d’envisager que le pire n’est pas forcément sûr dans le futur : les mollahs tremblent dans leurs sandales et Erdogan n’est pas éternel. Le calife turc sent d’ailleurs peut-être le vent tourner : on a vu récemment des armes destinées à Israël transiter en Turquie, voire y être chargées. Ce sont les dockers de Livourne qui ont vendu la mèche, en faisant grève pour ne pas embarquer des armes destinées à l’État juif, sur un cargo, dont la route comprenait plusieurs escales en Italie, puis une à Mersin, dans le sud de la Turquie, avant de rallier sa destination finale, Ashdod[6].
  • Il existe déjà trois Palestine de facto : la première est la Jordanie, créée de toute pièce par les Anglais en 1922 sur 80% du territoire de la Palestine mandataire, destiné à abriter un Foyer national juif. À l’époque, nul ne revendiquait un nationalisme « palestinien ». À preuve le fait que le deuxième État qui devait voir le jour en même temps qu’Israël se serait nommé « État arabe de Palestine ». Mais la Ligue Arabe a pratiqué une IVG et le mort-né n’a donc pas été porté sur les fonts baptismaux. La deuxième Palestine est la Cisjordanie, annexée à la Jordanie en 1948 et conquise par l’armée israélienne lors de la guerre des Six jours, additionnée (sans continuité territoriale, cette fois) de la Bande de Gaza, qui appartenait auparavant à l’Égypte. Lors des pourparlers de paix entre Anouar el-Sadate et Menahem Begin, le premier a refusé de récupérer ce territoire. Pour signer l’accord de paix israélo-égyptien, en 1979, l’Égypte a fait une condition sine qua non de ce que Gaza ne fasse pas partie des territoires rendus par Israël.
    La troisième Palestine est Gaza, que le Hamas a soustraite à l’Autorité palestinienne en 2007, par voie de coup d’État.
  • Les accords d’Abraham ont prouvé que l’islam n’était pas inébranlablement buriné dans le marbre de l’islamisme. Outre Bahreïn et les États Arabes Unis, l’Arabie saoudite, guidée par sa peur de l’Iran, a fait des ouvertures en direction de l’État hébreu. Le Bangladesh, dont les 156 millions d’habitants sont musulmans, mentionnait jusqu’à très récemment que le passeport de ses citoyens était valable « pour tous les pays de monde sauf Israël[7]». La première femme chef de gouvernement a retiré cette motion, pour améliorer l’image de son pays.
    D’innombrables musulmans français ne souhaitent rien d’autre que vivre leur religion dans le cadre républicain, c’est-à-dire en privé. Comment les y aider, eux ici et d’autres ailleurs, mais maintenant ?

 

Qui, à part Israël, veut la paix au Moyen-Orient ?

Malgré le spectacle régulier de foules fanatisées dans les deux Palestine mitoyennes d’Israël et en Iran, il n’est pas interdit de croire que le fanatisme est un conformisme de façade plutôt qu’un extrémisme réellement intériorisé. Déjà, la Palestine jordanienne n’y est pas sujette et les Palestinolâtres ont certainement oublié ce que leurs chouchous ont enduré de la part du souverain hachémite. En 1970, l’opération Septembre noir a fait entre 3 500 (sources jordaniennes) et 10 000 morts et plus de 110 000 blessés (sources palestiniennes)[8].

Cet épisode a montré que l’imagerie du saint palestinien ontologiquement innocent n’a cours que dans les cours de récréation occidentale et que dans la réalité, les Palestiniens sont, comme les Juifs, soumis à la loi de la gravitation universelle.

Beaucoup d’Arabes israéliens ont montré dans plusieurs sondages, qu’ils préféreraient rester citoyens de l’État juif même si un État palestinien voyait le jour[9]. Mais il leur est impossible de le dire à voix haute et à visage découvert.

De temps en temps, cela arrive pourtant. Ashraf Jabari en est un exemple. « Les Arabes palestiniens qui vivent sous contrôle israélien sont bien mieux lotis que ceux qui vivent sous la direction des Arabes palestiniens. Les Arabes vivant en Israël travaillent, sont traités avec respect, sont en mesure de fonder des familles et de vivre librement. Ceux qui vivent sous la direction de leur propre peuple souffrent. Ils peuvent être torturés, tués et forcés à faire des choses qu’ils ne veulent pas faire. Ce n’est pas une vie de liberté. Il n’y a pas de démocratie. Mais en Israël, ils sont libres. Alors, êtes-vous surpris que 90 % des Arabes palestiniens préfèrent vivre sous contrôle israélien plutôt que sous contrôle arabe palestinien ? Ne préférez-vous pas être libre plutôt que de vivre une vie où vous avez l’impression d’être en prison ? » a-t-il déclaré et développé dans une vidéo[10]. Les sondages parlent de 50%, pas de 90%. Mais il vit sur place, alors les gens lui parlent peut-être plus librement ?

 

Une guerre de religieux, pas une guerre de religions

Pour lutter contre la haine palestinienne vis-à-vis des Juifs, des Chrétiens et de la paix avec Israël, un groupe appelé le « Conseil arabe pour l’intégration régionale », a été créé à Londres, en novembre 2019. En présence de médias arabes et internationaux, 32 personnes de la société civile de 15 pays arabes ont appelé à un engagement direct avec les citoyens israéliens, à la fin de la culture du boycott et à une politique panarabe de « takamul » (achèvement mutuel, ou intégration) pour guérir les fractures sociales[11].

La palestinolâtrie est, dans nos démocraties imparfaites[12], un déguisement grossier de l’antisémitisme, renommé antisionisme, qui s’inter-sectionnalise avec le néo-féminisme misandre, le wokisme dans ses excès les plus ridicules et l’anticapitalisme dans ses manifestations les plus brutales.

Le même phénomène empêche des palestinolâtres français et les Palestiniens du Moyen-Orient de voir le réel. Ce phénomène est moins le dogmatisme que le conformisme social et clanique.

Dans « L’aveu », un film que Costa-Gavras a adapté, en 1970, du livre autobiographique d’Artur London, on voit des communistes accepter d’être condamnés pour des crimes qu’ils n’ont pas commis, par fidélité au Parti, afin d’éviter de faire le jeu des anti-communistes.

Regarder la réalité israélienne et palestinienne relève du même aveuglement mêlant idéologie et incapacité de se projeter hors du clan. Que deviendraient les BDS s’ils voyaient la réalité ? Qu’adviendrait-il de leur accusation d’apartheid s’ils voyaient les 20% d’Arabes israéliens bénéficier de tous les droits civiques et leur idéalisation inter-sectionnelle des Palestine 1 et 2, entièrement Judenrein, et où les homosexuels sont jetés du haut des toits ?

Que diraient ceux qui considèrent de leur devoir de bons musulmans de haïr les Juifs et leur État, s’ils voyaient que le 21 mai dernier (2021), des fidèles musulmans ont expulsé le mufti palestinien de Jérusalem, le cheikh Mohammed Hussein, de la mosquée al-Aqsa et l’ont empêché de terminer son sermon, parce qu’il était affilié à l’Autorité palestinienne et donc, considéré comme un ennemi par les pro-Hamas[13] ?

 

Si tous les gars du monde devenaient des adultes

Jacques Brel souhaitait vieillir sans devenir adulte. S’il avait vécu jusqu’à notre époque troublée, il aurait certainement souhaité le contraire, pour éviter l’apparition de l’aveuglement woke en même temps que l’acné juvénile.

C’est au nom d’une déclinaison de ce prétendu « éveil » à la nécessité de détruire le privilège blanc (et les hommes et femmes qui le portent sur leur peau) que l’on a pu assister dans des villes israéliennes parfaitement mixtes, comme Lod, Ramle, Jaffa, Haïfa et Acre, à des pogromes anti-juifs : au moins dix synagogues et d’innombrables voitures et appartements incendiés ; des centaines d’attaques en gangs contre des citoyens juifs isolés ; le blocage des routes principales…

Bref, un scenario à la française, inédit jusque-là dans l’État que les apartheideurs français accusent de leur propre turpitude.

La dernière agression du Hamas a fait reculer la coexistence pacifique, qui était un fait, pas un mot creux comme dans l’Hexagone. Il faudra désormais désarmer ces gangs, confisquer leurs dizaines de milliers, voire les centaines de milliers d’armes, par la force si nécessaire.

Heureusement pour Israël, c’est un État-nation, qui sait que son devoir est de protéger ses citoyens et qui peut le faire, car il n’a abandonné aucune de ses fonctions régaliennes à une autorité administrative sur-étatique.

 

 

[1] https://www.marianne.net/agora/les-signatures-de-marianne/israel-palestine-sans-espoir

[2] https://www.forbes.com/sites/joewalsh/2021/05/20/biden-promises-to-help-gaza—and-israels-military—rebuild-after-11-days-of-fighting/?sh=1f1935a05d08

[3] Il s’agit d’entre 1,25 et 3 milliards de dollars par an – voir : https://perditions-ideologiques.com/2021/05/24/sans-espoir-ledito-de-natacha-polony-dans-marianne-israel-palestine-sans-espoir/

[4] https://www.lefigaro.fr/politique/jean-yves-le-drian-met-en-garde-israel-contre-un-risque-d-apartheid-envers-ses-populations-arabes-20210523

[5] https://www.senat.fr/rap/r08-630/r08-630-annexe2.pdf

[6] https://www.lepoint.fr/monde/erdogan-soutient-le-hamas-ses-proches-livrent-des-armes-a-israel-21-05-2021-2427527_24.php

[7] https://static.jforum.fr/wp-content/uploads/2021/05/Passeport-bangladais-680×375-1.jpg

[8] https://fr.wikipedia.org/wiki/Septembre_noir_(1970-1971)

[9] https://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/half-jerusalems-palestinians-would-prefer-israeli-palestinian-citizenship

[10] VIDÉO : https://youtu.be/4QMUdl4VjwM

[11] https://www.peacecomms.org/the-arab-council

[12] https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9mocratie#Indice_de_d%C3%A9mocratie_par_pays

[13] https://www.jpost.com/arab-israeli-conflict/gaza-news/pa-mufti-expelled-from-prayers-at-al-aqsa-for-not-supporting-hamas-gaza-668819

Écrivain, traductrice et essayiste. A publié plus d'une trentaine d'ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient. Liliane Messika est membre du comité de rédaction de Menora.info.