Alya: la grogne des médecins francophones face aux obstacles bureaucratiques

*Article publié initialement dans LPH Info

 

Plusieurs centaines de médecins spécialistes francophones ont adressé une pétition au Premier ministre Binyamin Netanyahou, au ministre de la Santé Yaakov Litzman ainsi qu’à la ministre de l’Intégration et de l’Alya Sofa Landver. La pétition a également été diffusée sur les réseaux sociaux. Ils protestent contre les obstacles bureaucratiques qu’ils rencontrent pour obtenir l’équivalence de leurs diplômes et pour être acceptés en cycle de spécialisation en Israël. Certains sont des candidats à l’alya, d’autres, qui sont déjà en Israël, envisagent de quitter le pays s’ils n’obtiennent pas la possibilité de se spécialiser et d’entamer une carrière en Israël.

La pétition dit notamment: « Nous, étudiants ou praticiens, juifs et sionistes, animés par une forte volonté de faire notre alya, vous adressons cette pétition afin d’obtenir la reconnaissance de nos diplômes de médecine qui nous permettra de nous spécialiser en Israël et réaliser notre rêve de faire l’alya ». Les initiateurs espèrent arriver au chiffre de cinq-mille signatures. Leur mouvement s’inspire de celui lancé il y a un an et demi par le dentiste David Tibi, qui avait finalement réussi à obtenir des allègements dans les conditions d’acceptation des diplômes des dentistes olim de France.

L’un des arguments avancés à juste titre par les pétitionnaires est que les écoles françaises de médecine sont parmi les plus réputées au monde et que le diplôme français jouit d’un prestige international certain. Ils constatent paradoxalement avec tristesse la situation absurde qui fait qu’ils pourraient exercer ou se spécialiser sans obstacles partout dans le monde…sauf en Israël! Ils notent que des étudiants en médecine venus de pays comme la Grèce, la Roumanie, la Hongrie ou même la Jordanie sont acceptés en spécialisation en Israël,  alors que les étudiants ou médecins français ne le peuvent pas!

Ils indiquent que face à l’autisme des autorités israéliennes ils renonceront à l’alya ou choisiront d’autres cieux comme les Etats-Unis ou le Canada.

Les pétitionnaires demandent de soutenir la proposition de loi déposée par le député Elie Elalouf (Koulanou), président de la Commission du Travail, des Affaires sociales et de la Santé qui vise à accorder au  ministère de la Santé la compétence de reconnaître les diplômes de médecins délivrés en France.

L’un des initiateurs de cet appel, Dr. Raphaël Derman, médecin à Paris, confie que cela fait des années qu’il souhaite faire son alya. Il raconte qu’après sa 6e année de médecine en France, il avait souhaité se spécialiser en Israël, mais que cela lui avait été refusé car, bien qu’étant médecin en France et pouvant exercer dans tous les pays de l’UE, il lui manquait le diplôme MD qui n’est attribué en France qu’après la spécialisation!! Il regrette le fait que de nombreux jeunes médecins aient ainsi été empêchés de faire leur alya, et qu’entre temps, ils ont commencé une carrière et fondé une famille en France, ce qui rendra leur alya encore plus hypothétique.

Ce mouvement de protestation est accompagné et soutenu par Qualita, organe faîtier des organisations qui oeuvrent dans le domaine de l’intégration en Israël pour les francophones. Son directeur-général, Ariel Kandel envisage même la saisie de la Cour suprême sur cette question qui persiste depuis trop d’années. « Il s’agit de centaines de jeunes médecins qui désirent faire leur alya mais qui en sont empêchés pour des problèmes de bureaucratie ou de sémantique », indique Ariel Kandel. « Nous voulons tout faire pour qu’ils viennent ici et n’aillent pas s’installer dans d’autres pays qui reconnaîtront sans problème leurs diplômes », déclare le directeur-général de Qualita. Il estime d’ailleurs que le problème est plus vaste: « Il n’y a pas de plan global pour l’alya de France, comme cela existe pour les Juifs d’Ethiopie ou d’Amérique du Nord et par la force des choses, le ministère de l’Intégration et de l’Alya, tenu par Sofa Landver, s’occupe beaucoup plus de l’alya de Russie et d’Ukraine ». Il assure que Qualita sera le fer de lance du combat en faveur de ces médecins et espère que Qualita sera à l’avenir un interlocuteur privilégié face aux autorités israéliennes pour aider à résoudre ces problèmes.