La langue de la start-up nation : petit lexique

La sphère de l’innovation dessine les contours du monde de demain, en créant de nouveaux paradigmes, en rupture avec l’existant et la réalité telle qu’on la connaissait.


Pour être à même de porter un projet si ambitieux, la bulle innovation n’a pas eu d’autre alternative que d’inventer son propre langage. Elle s’est dotée d’un attirail conceptuel redoutable et en constant renouvellement, si bien que l’on a souvent du mal à s’y retrouver.

Pour comprendre cet univers, quelques définitions des concepts clés de la bulle :

Les définitions proposées proviennent de différents sites spécialisés.

  • Innovation : Ensemble des démarches scientifiques, technologiques, organisationnelles, financières et commerciales qui aboutissent, ou sont censées aboutir, à la réalisation de produits ou procédés technologiquement nouveaux ou améliorés (Manuel d’Oslo – OCDE).[1]
  • Disruption : Méthode qui accélère la remise en cause des conventions qui brident la créativité des entreprises. Elle permet de faire émerger les visions nouvelles qui sont à l’origine des grandes innovations (Jean-Marie Dru, président du groupe TBWA\Worldwide, inventeur de la disruption). 1

En innovation, la disruption signifie qu’un nouveau produit ou service bouleverse totalement les codes dominants. L’innovation disruptive remplace les offres devenues obsolètes en proposant quelque chose de radicalement nouveau et adapté aux usages. Uber, Airbnb, ou l’apparition de l’iPhone sont des exemples emblématiques de l’innovation disruptive.[2]

  • Start-up : Jeune entreprise innovante et dynamique, à croissance rapide, qui se rencontre en particulier dans les secteurs de pointe (Journal officiel du 28 juillet 2001).1
  • Intelligence artificielle : Machine ou logiciel capable de simuler un comportement intelligent.1
  • Réalité augmentée : Méthode permettant d’incruster sur une image vidéo de la réalité des éléments virtuels (graphiques ou textuels), en 2D ou 3D, en temps réel.1
  • Transhumanisme (homme augmenté) : Mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer la condition humaine notamment par l’augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains. Les transhumanistes considèrent certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort, subis comme indésirables.[3]
  • Cloud computing : Le Cloud(ou cloud computing) est une technologie qui permet de mettre sur des serveurs localisés à distance des données de stockage ou des logiciels qui sont habituellement stockés sur l’ordinateur d’un utilisateur, voire sur des serveurs installés en réseau local au sein d’une entreprise. Cette virtualisation des ressources permet donc à l’entreprise d’accéder à ses données sans avoir à gérer une infrastructure informatique, souvent complexe et qui représente un certain coût pour l’entreprise.
    Le Cloud Computing, ou « l’informatique dans les nuages » est considéré par beaucoup, comme une évolution majeure de l’informatique et qui permet d’accéder depuis n’importe où à vos fichiers.[4]
  • Big Data : Formulaire, informations géolocalisées, réseaux sociaux, données des objets connectés… Les informations en tout genre (synthétisées par des algorithmes qui permettent de définir des profils de consommateurs) représentent aujourd’hui une valeur monétaire (les « leads ») et des opportunités pour qui sait les utiliser. Pour tirer profit de ce que l’on appelle aussi mégadonnées, la gestion du Big Data doit être optimisée, en utilisant des outils appropriés.2
  • Machine Learning : Processus qui permet à un ordinateur ou une intelligence artificielle d’apprendre de son expérience ou par l’analyse d’exemples, plutôt que par le biais d’une programmation spécifique. Cet apprentissage automatique a notamment été utilisé pour AlphaGo, le programme informatique qui a battu en mars 2016 le champion sud-coréen du jeu de go, Lee Sedol.1
  • Web 1.0 : Encore appelé web traditionnel, le web 1.0 est avant tout un web statique, centré sur la distribution d’informations. Il se caractérise par des sites orientés produits, qui sollicitent peu l’intervention des utilisateurs.[5]
  • Web 2.0 : Le web 2.0, ou web social, change totalement de perspective. Il privilégie la dimension de partage et d’échange d’informations et de contenus (textes, vidéos, images ou autres). Il voit l’émergence des réseaux sociaux, des smartphones et des blogs. Le web se démocratise et se dynamise. L’avis du consommateur est sollicité en permanence et il prend goût à cette socialisation virtuelle.4 La philosophie du Web 2.0 est multiple : le web est perçu comme une plate-forme ; l’internaute est co-développeur des applications ; la richesse se trouve dans les données ; le web 2.0 s’appuie sur l’intelligence collective ; il est nécessaire d’avoir des interfaces souples et légères ; le logiciel se libère de l’ordinateur personnel.[6] C’est l’ère dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.5
  • Web 3.0 : aussi nommé web sémantique, vise à organiser la masse d’informations disponibles en fonction du contexte et des besoins de chaque utilisateur, en tenant compte de sa localisation, de ses préférences, etc. C’est un web qui tente de donner sens aux données. C’est aussi un web plus portable et qui fait de plus en plus le lien entre monde réel et monde virtuel. Il répond aux besoins d’utilisateurs mobiles, toujours connectés à travers une multitude de supports et d’applications malignes ou ludiques.4 Les utilisateurs sont déchargés d’une bonne partie de leurs tâches de recherche, de construction et des combinaisons de résultats. Ces tâches seront accordées à des machines ayant la capacité d’accéder aux contenus des ressources et d’effectuer des raisonnements.[7]
  • Web 4.0 : Evoqué par certains comme le web intelligent, le web 4.0 effraie autant qu’il fascine, puisqu’il vise à immerger l’individu dans un environnement (web) de plus en plus prégnant. Il pousse à son paroxysme la voie de la personnalisation ouverte par le web 3.0.4, et promet une nouvelle ère ultra-intelligente. Il a pour technologies motrices la robotique, l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique (machine learning) et l’Internet des objets.[8] Avec cette nouvelle révolution, l’internet des objets (IoT) aborde également une nouvelle phase. Les objets ne se contentent pas de capter des données sur notre environnement pour nous permettre de les contrôler à distance via notre smartphone, ils sont à notre service à travers une interface interactive. Notre réfrigérateur vérifie de lui-même ce qu’il nous manque pour réaliser une recette tandis que notre miroir simule un maquillage sur notre visage.8

L’infrastructure Internet devient une commodité de base comme l’électricité et l’eau potable. Le monde évolue vers une grande structure auto-apprenante où tout est interconnecté. Le web 4.0 est, entre autres, perçu comme une informatique omniprésente et ubiquitaire. Cela implique que toujours plus d’objets dans notre environnement direct soient connectés, intégrés et communiquent avec nous. Les agents de logiciels autonomes interagissent sans intervention humaine. Le traitement des données est omniprésent.7

Le web 4.0 propose ainsi une virtualisation totale du monde physique. On parle alors de l’ère du « phygital ».

Cette évolution est déjà entamée : on estime que d’ici 2020, 30% des requêtes se feront sans écran : le digital sort du cadre…[9]

  • Phygital : Virtualisation du monde physique. Réalité augmentée, assistants vocaux et IoT nouvelle génération sont les trois phénomènes qui matérialisent déjà en 2017 cette révolution du « phygital », la fusion du physique et du digital.

Ce rapide rappel des concepts clés de la révolution de l’innovation nous donne à voir, au-delà d’une terrible sensation de vertige, un aperçu du monde de demain : un monde de l’ultra virtuel, où les frontières du numérique et du physique sont floues, la réalité devenue évanescente, et l’homme lui-même, décentré. En effet, à force de développer des technologies au service de l’humain, on se demande quelle est finalement la place de l’individu dans ce magma dont l’emprise réelle échappe encore à l’entendement.

Quelle est cette réalité que nous contribuons à construire ? Quel est le but ultime de cette course effrénée ? A quel monde destinons-nous nos enfants ?


[1] Cf https://www.economie.gouv.fr/entreprises-particuliers/vocabulaire-innovation

[2] Cf https://www.cicplacedelinnovation.com/blog/sinformer/lexique-vocabulaire-entrepreneur-innovant/

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanisme

[4] http://le-cloud.net/

[5] https://c-marketing.eu/du-web-1-0-au-web-4-0/

[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Web_2.0

[7] https://www.vous-etes-au-top.com/blog/faq/web-40.html

[8] https://www.ubabelgium.be/fr/news-insights/detail/2018/06/18/Quest-ce-que-le-web4.0

[9] https://www.forbes.fr/technologie/le-web-4-0-quand-le-numerique-franchit-la-frontiere-du-physique/

Doctorante en études hébraïques, diplômée d'un DEA de philosophie et d'un DEA de sociologie économique, Elya Weisbard est chef de projet pour l'association Dialogia en Israël.