Le spectre de l’impasse stratégique hante la politique iranienne d’Israël

Depuis le 29 novembre d’étranges négociations se déroulent à Vienne. Téhéran refuse de parler directement avec les Américains, leur principal interlocuteur. Les Européens, bien que participants de plein droit, doivent assurer le service peu flatteur de circulation des messages. Seconde bizarrerie, la montagne risque bien d’accoucher d’une souris. Le projet nucléaire de l’Iran est si avancé que le « break out time » (délai de fabrication de la bombe) est trop réduit pour permettre de l’interrompre par la force, ce qui est sa raison d’être. D’ailleurs, il n’y a pas d’option militaire robuste et crédible sur le table, les Américains se contentant de déclarer de temps en temps qu’ils pourraient perdre patience. S’il y a accord, le projet nucléaire et balistique de l’Iran sera officiellement à peine ralenti, et Téhéran bénéficiera de fructueuses retombées commerciales et financières qui lui permettront de mener plus confortablement ses entreprises belliqueuses. Sinon, les ayatollahs auront gagné du temps et ils poursuivront leur chemin en espérant que ce qui reste du système de sanctions de Donald Trump continuera de s’effilocher en l’absence d’une volonté politique ferme de Washington.

Ce qui nous intéresse ici c’est de prendre la mesure de l’ampleur de la menace iranienne, de ses cibles, de ses motifs pour évaluer les réponses sérieuses qui pourraient lui être opposées, en particulier par Israël. A première vue, d’un coté Israël ne peut pas continuer d’exister avec cette épée de Damoclès sur la nuque, et de l’autre il semble ne pas pouvoir compter sur ses alliances occidentales ou arabes, ni sur ses seules forces armées pour parvenir à la neutraliser. Face au spectre de l’impasse stratégique, il lui faut donc définir un plan de survie dans un véritable champ de mines, sans garantie d’une issue favorable.

La menace iranienne

L’Iran est en train d’achever le long parcours qui l’aura conduit à doter son régime d’un système d’armes nucléaires et balistiques. Selon certains experts américains de haute volée[1] il aurait déjà maitrisé tout le cycle de production d’une bombe, de l’enrichissement à la détonation et à l’usinage hémisphérique de l’uranium métal. Resterait le réglage des aspects balistiques et surtout la fabrication d’un arsenal de vecteurs suffisamment nombreux pour obtenir un effet de dissuasion. D’autres pensent que le programme est moins avancé et évoquent un aboutissement dans deux ans. Mais la menace ne se résume pas à l’armement nucléaire. L’Iran est impliqué dans tous les foyers de guerre du Moyen-Orient et se vante de dominer déjà quatre capitales arabes dans un arc sunnite qui va de la Méditerranée à la Mer d’Arabie. Bien sûr, son extraordinaire poussée technologique et territoriale met à l’épreuve tous les équilibres régionaux, provoquant un sentiment d’incertitude dans les États de première ligne (Arabie saoudite, Émirats arabes Unis, Bahreïn) et de seconde ligne (Égypte, Jordanie), Israël étant pour sa part assuré d’être « rayé de la carte » par le régime khomeyniste.

Que recherche réellement l’Iran ?

Dès son arrivée au pouvoir la théocratie chiite a connu une guerre de huit ans particulièrement cruelle avec l’Irak de Saddam Hussein, dûment soutenu les États du Golfe. Cette épreuve a convaincu ses chefs de lancer le programme nucléaire dont ils espèrent la sanctuarisation du régime, c’est-à-dire l’assurance d’échapper à jamais au sort d’un Saddam Hussein ou d’un Moammar Khadafi. Mais la guerre de Saddam n’était pas étrangère au principe d’exportation de la révolution khomeyniste inscrit d’emblée dans la constitution iranienne, qui constituait un défi religieux insolent à l’hégémonie sunnite. D’où leurs ingérences politiques et miliaires dans les pays arabes vulnérables à leur influence comme le Liban, la Syrie,  l’Irak ou le Yémen où vivent de nombreux musulmans chiites duodécimains ou apparentés (Alaouites en Syrie, Zaydites au Yémen). Quant au ciblage d’Israël, faute d’un quelconque conflit d’intérêt, on peut le considérer comme un tremplin idéologique pour accéder au leadership moral et religieux sur le monde musulman en tant que glorieux libérateurs d’Al Qods, ville sainte musulmane aux mains des Infidèles juifs. Cette ambition est cohérente avec le refus initial de Khomeiny de reconnaitre le clan Saoud comme gardien légitime des deux grandes villes saintes de l’islam,[2] lui-même à l’origine de la crispation wahhabite de la planète musulmane sunnite des trois dernières décennies. Ce fantasme de renversement de l’hégémonie religieuse sunnite multiséculaire, un paramètre religieux, est donc déterminant pour comprendre le programme nucléaire, le déclenchement des guerres régionales, et l’antisionisme obsessionnel du régime iranien. Le lancement du programme nucléaire et la création du Hezbollah libanais sont d’ailleurs des projets jumeaux du tout début des années 80.

C’est pour cela qu’on ne peut pas réduire la poussée iranienne actuelle à l’angoisse existentielle d’un régime totalitaire aux abois qui se lance dans des aventures extérieures pour consolider sa férule. Car alors il suffirait de le rassurer et de le persuader pour faire émerger un État iranien rationnel prêt à assumer ses responsabilités pour la paix et l’ordre international, comme fait mine de le croire l’administration Biden.

La menace spécifique contre Israël

L’Iran a déjà entamé une guerre prolongée avec Israël. Il utilise pour cela, selon les termes des experts israéliens, une stratégie d’encerclement ou d’étranglement (Yaakov Amidror [3]). Elle consiste à multiplier autour son ennemi des entités politico-militaires dotées de moyens offensifs de haute technologie, dédiées au moins en partie à une guerre multi-fronts avec l’État juif. Dès les années 80, en créant ce qui deviendra le Hezbollah, l’Iran projetait des forces au Liban, aux portes du « petit Satan ». Et depuis, au rythme de son expansion en Syrie, en Irak, au Yémen, et dans les territoires disputés de Gaza ou de Judée et Samarie, il structure, finance et arme ces milices qui lui serviront de faux-nez (les « proxies » de la littérature anglo-américaine). Il les autonomise aussi en initiant la fabrication locale d’armes diverses et en leur transférant des technologies militaires dont le guidage des missiles.

Non content de les financer et de les armer, l’Iran fournit aussi à ses affidés une doctrine et des tactiques militaires. La doctrine est celle de la guerre asymétrique, et la tactique intègre la haute technologie à la différences des anciennes de guérillas. Elle combine diverses classes d’engins balistiques, les tunnels d’attaque, et si possible la cyber-guerre. C’est ainsi que le Hamas a tenté en mai 2011 de pénétrer le système d’exploitation de Iron Dome. Seth J Franzman a signalé un article de Tasnim News (Damas) qui décrit par le menu l’assistance iranienne aux milices de Gaza [4]: « Nous avons coordonné avec le mouvement Hamas la question des missiles et la fabrication de la propulsion, des ogives et des systèmes de guidage des engins. Tout cela a été fait sous la supervision de Soleimani et c’était une question stratégique très importante pour lui (…) L’Iran connaissait les capacités d’Israël et voulait développer des armes asymétriques capables de contourner [ses]défenses »

Vis-à-vis des milices qu’il a semées aux quatre coins du Moyen-Orient, l’Iran suit une politique sans équivalent de transfert de ses technologies militaires les plus avancées. C’est dans ce contexte qu’il met progressivement entre les mains de ses « proxies » des armes que l’on dénomme « game-changer », car en mesure de modifier radicalement les tactiques d’engagement et le rapport de force global. Ce sont les missiles à guidage de haute précision qui arrivent sur leur cible dans un rayon de 6 mètres. Ce sont les drones d’attaque à long rayon d’action. Les Houthis du Yémen ont ainsi reçu le drone Shahed 129 d’une portée de plus de 2000 km  qui peut voler 24 heures d’affilée à 15 km d’altitude. Il peut frapper Israël depuis le sud de la Péninsule arabique. Ces armes donnent désormais à ces forces irrégulières la capacité de détruire des cibles stratégiques en Israël, une base militaire, un hôpital, un port, etc. Ce sont d’ailleurs ces armes prêtes à l’emploi et les kit de guidage adaptables, que Jérusalem attaque dans les opérations de la guerre « entre les guerres »[5] en Syrie, en Irak et au Liban. Le rapport des Forces de défense israéliennes pour 2021 évalue les neutralisations du trafic entre 50 et 70%. Cela signifie que 30 à 50% des envois parviennent à destination.

Et avec l’aboutissement à très court terme du programme nucléaire et balistique de Téhéran, un second « game-changer » s’ajoute dans sa panoplie stratégique. Si l’Iran n’était pas dirigé par un régime messianique, on dirait que l’usage direct du feu nucléaire contre Israël est improbable, les inconvénients étant supérieurs aux avantages. Les auteurs s’exposeraient à la rupture totale des liens économiques avec l’Occident au moins pour un temps, à une vague internationale de réprobation y compris dans le monde sunnite, et peut-être au courroux du protecteur chinois qui a horreur des troubles qu’il ne provoque pas lui-même là où il a des intérêts. Mais on ne peut exclure la tentation messianique. Par exemple, parvenue au bord de l’effondrement, la théocratie pourrait dédier son œuvre à Dieu dans l’apocalypse nucléaire contre le premier « Satan » à sa portée.

Mais si l’emploi ouvertement offensif de la bombe est irrationnel, il n’en serait plus de même si les ayatollahs excipaient des motifs « défensifs » ou « humanitaires ». Dans ce cas de figure, l’arme nucléaire iranienne se transforme ispso facto en parapluie nucléaire pour ses faux-nez engagés dans sa stratégie d’étranglement ou agissant pour leur compte. La combinaison de menaces sur des fronts multiples, de missiles de précision et d’un parapluie nucléaire dans un projet global d’éradication, rendrait la défense d’Israël intenable. Comment pourrait-il dans ces circonstances neutraliser une provocation du Hamas ou du Hezbollah sous forme de tirs de missiles sur sa capitale, comme cela s’est produit les 10 mai dernier ? Face à un parapluie nucléaire, comment Israël pourrait-il exercer une menace dissuasive sur le territoire iranien pour prévenir les agressions des milices activées par Téhéran ?

A plus long terme l’aboutissement d’un armement nucléaire iranien fait surgir d’autres problèmes.

La prolifération nucléaire au Moyen-Orient d’abord. L’Arabie saoudite, la Turquie, l’Égypte ne pourraient pas accepter leur déclassement définitif sur la scène régionale. Tous ont déjà des programmes nucléaires concurrents dans les cartons.

Une seconde menace découle de  la technique de la dissuasion nucléaire. Elle suppose de pouvoir délivrer une « seconde frappe », c’est-à-dire une riposte nucléaire à la possible élimination des autorités suprême du pays par une frappe nucléaire surprise. Pour cela, il faut déléguer à certaines autorités décentralisées des boutons nucléaires. Des généraux aveuglés par le fanatisme pourraient alors avoir la main sur le feu nucléaire et l’utiliser à leur façon.

Une incertitude supplémentaire découle de la dissuasion entre États nucléarisés sur le même théâtre. Et il faut prendre en compte les erreurs des systèmes de détection qui pourraient signaler des missiles ennemis inexistants à des operateurs plus ou moins compétents, erreurs difficiles à corriger avec Israël avec qui il n’y a pas de « téléphone rouge. » Plus le nombre de détenteurs de l’arme atomique augmente sur le même théâtre, plus le risque d’aléas augmente. En d’autres termes l’accession de l’Iran à la bombe transformerait le Moyen-Orient en poudrière nucléaire

Si l’on revient à Israël seul, la guerre d’étranglement des ayatollahs, la fameuse combinaison de milices armées, de dizaines de milliers d’engins balistiques de haute précision et du parapluie nucléaire iranien, constitue une pleine menace existentielle. Il ne s’agit pas de propagande, de théorie, ou de prospective, mais de faits observables, concrets, mesurables, et d’opérationnalité quasi imminente. Israël s’il veut survivre ne peut pas ne pas obtenir la neutralisation de cette menace en cours.

Le rôle des États-Unis

L’ascension de la menace iranienne ne concerne pas seulement Israël, on l’a vu. Ce qui caractérise le Moyen-Orient, c’est sa centralité stratégique, comme point médian entre l’Europe et l’Asie. Le chaos au Moyen-Orient serait un chaos planétaire. Sont concernés très directement outre les pays arabes exposés en première ligne et Israël, tous ceux dont l’activité économique et la sécurité sont impactés par la conjoncture du Moyen-Orient, en particulier l’Europe, et même la Chine qui a besoin du pétrole iranien et irakien. Par contre, pour les États-Unis, moins dépendants du Moyen-Orient depuis leur accès à l’autonomie pétrolière, le risque iranien n’est pas premier.

Normalement, la neutralisation de cette menace collective devrait être réglée dans le cadre P5+1 de la négociation de Vienne (USA, Russie, Chine, France, Royaume uni + l’Allemagne). Or cette négociation a abouti en juillet 2015 à l’accord nucléaire (JCPOA[6]) qui gelait provisoirement le programme iranien. Il laissait intactes les infrastructures nucléaires, et au bout de 15 ans l’Iran devenait titulaire d’un droit reconnu d’enrichir autant d’uranium qu’il le voudrait de tous les grades, y compris au grade militaire de 90% d’U235. En fait, les cinq partenaires avaient délégué au 6ème, les États-Unis, la définition du contenu du compromis. Pour l’essentiel, les objectifs stratégiques des ayatollahs étaient décalés simplement de 15 ans, ce qui n’est pas grand-chose dans la vie des nations. Ce gel provisoire mal contrôlé ne traitait pas la question posée et qui allait nécessairement se poser à nouveau sur des bases plus favorables à l’Iran. Nul n’a voulu exiger que l’Iran renonce à son ambition nucléaire, ni les États-Unis ni tout autre membre du groupe de négociation, et chacun avait ses raisons propres.

Aujourd’hui nous sommes à nouveau à Vienne, dans la configuration P5+1 et ce sont toujours les États-Unis qui pilotent la négociation collective avec Téhéran. Or l’administration Biden parait encore plus avide d’un compromis que celle d’Obama, même s’il est plus favorable aux Iraniens que le JCPOA d’origine. Avant tout Biden ne veut être contraint ni d’imposer une solution à l’Iran, ni de se débiner dans la honte comme en Afghanistan. Il est donc prêt à tout simulacre diplomatique lui permettant de ne pas perdre la face, et seuls les khomeynistes de choc au pouvoir en Iran peuvent le lui fournir, à condition d’en fixer le prix.

Les fondements stratégiques de l’attitude américaine

Depuis l’élection d’Obama et sa prise de fonctions en 2008, les États-Unis ont clairement entrepris de se désengager du Moyen-Orient. Dès le début des années 40, ils ont été impliqués dans des guerres majeures, sanglantes et coûteuses en vies américaines. En Europe face à l’Allemagne, en Asie face au Japon, en Corée, au Vietnam, en Afghanistan, en Irak. De plus les dernières guerres ont été des défaites qui ont fini par entamer l’optimisme national. La politique américaine consiste désormais a refuser tout engagement direct des forces armées où que ce soit, et l’impératif du « pivot » vers la Chine n’est qu’un prétexte. Chine ou pas, les administrations Obama, Trump, et Biden ont fait et feront tout pour ne pas avoir à engager des hommes à terre. Le retrait d’Afghanistan n’était justifié ni par les effectifs engagés ni par les pertes. Il consacrait une doctrine. Biden ne vient-il pas de déclarer avant même sa négociation directe avec Poutine qu’il n’enverrait pas de troupes en Ukraine ?

Deux experts aguerris par une longue expérience du pouvoir américain, Michael Doran[7] et Martin Indyck[8]  partagent le bien-fondé de ce tournant, expression du sentiment national de lassitude envers les guerres à l’étranger. Tous deux pensent qu’à la différence des années qui ont suivi l’effondrement de l’Union soviétique, les États-Unis ne sont plus désormais une hyperpuissante sans égales. La Chine est un challenger de poids et il n’est pas certain selon eux que les États-Unis puissent triompher en cas de guerre pour Taiwan. La tactique américaine pour garantir l’ordre international tout en poursuivant ses propres objectifs doit donc exclure autant que possible le recours aux forces armées nationales. A la place l’Amérique devra favoriser l’intervention de puissances moyennes locales avec son assistance pour assurer l’équilibre des forces, garant de la paix et de la stabilité. En gros les États-Unis délègueraient l’engagement des troupes sur le terrain, tout en assurant un soutien logistique et le maintien d’un cap politique.

C’était l’idée du fameux « leadership from behind » de Barack Obama. Elle avait été appliquée lors de la guerre de Libye de 2011. Le leadership revenait à Obama qui voulait se débarrasser de Moammar Khadafi, un obstacle à la marche en avant des Frères musulmans au moment du Printemps arabe égyptien. L’armée américaine se contenta alors de raids initiaux sur les défenses antiaériennes de Libye tandis que la France et le Royaume uni patronnaient sur place avec leurs « boots on the ground» les opérations militaires. C’est dans ce cadre théorique que Martin Indick et Michael Doran, très éloignés sur l’éventail politique, proposent des solutions propres de la question iranienne.

Pour asseoir son argumentation, Martin Indyck se range sous l’aile de Henry Kissinger dont il imagine l’analyse fondée sur le modèle « intégrer l’adversaire dans un nouvel ordre plutôt que le punir » :

« Aujourd’hui, Kissinger utiliserait probablement un modèle similaire pour traiter avec l’Iran, le pays qui menace le plus clairement ce qui reste de l’ordre moyen-oriental dirigé par les États-Unis qu’il avait mis en place. Il ne préconiserait pas le renversement du régime. Il chercherait plutôt à persuader l’Iran d’abandonner sa quête d’exportation de sa révolution et de revenir à un comportement plus étatique. En attendant, Washington devrait rechercher un nouvel équilibre dans lequel les impulsions révolutionnaires de l’Iran seraient contenues et équilibrées par une alliance d’États sunnites coopérant avec Israël et les États-Unis. Toutefois, une fois que l’Iran aura décidé de respecter les règles du jeu, Kissinger estime que les États-Unis doivent jouer le rôle d’équilibreur, en se positionnant plus près de toutes les puissances du Moyen-Orient qu’elles ne le sont les unes des autres. »

Pour un ancien diplomate américain expert du Moyen-Orient, faire aussi peu cas de la réalité a quelque chose d’exceptionnel. Non seulement Indyck « oublie » la percée fulgurante du programme nucléaire, mais il fonde la démarche américaine sur la persuasion. ‘’Persuader l’Iran d’abandonner sa quête d’exportation de sa révolution’’, voila sans doute une haute aspiration, sauf que l’Amérique a 40 années de cuisante expérience des ayatollahs, de leur détermination, de leur violence et de leur duplicité. Elles auraient dû convaincre l’analyste qu’avec eux, le seul argument persuasif, le seul argument entendu, c’est la force. L’expert reconnu ne dit pas non plus quels pays sunnites du Moyen-Orient sont en mesure de contenir la furia révolutionnaire de Téhéran, car il n’y en a pas. Toute l’analyse de Martin Indyck est à l’avenant et son rendement marginal est inexistant, mais il faut retenir deux principes kantiens qui sous-tendent la vision progressiste et qui sont vantés par l’équipe de Biden : 1) les chefs de l’Iran sont capables de guérir de leurs convictions déplaisantes et 2) tout devient possible s’ils reçoivent un traitement bienveillant.

Michael Doran propose un point de vue beaucoup plus réaliste. Il se moque de l’absurde politique officielle d’apaisement de Biden qui revient à traiter les alliés en ennemis et les ennemis en partenaires :

« L’apaisement comprend non seulement l’effort acharné pour revenir à l’accord sur le nucléaire iranien, mais aussi une initiative simultanée visant à contraindre les alliés traditionnels à aborder l’Iran dans un esprit de « dialogue, de désescalade et de diplomatie ». L’objectif stratégique de l’apaisement est de transformer Téhéran en un partenaire pour stabiliser les points chauds du monde arabe : Le Yémen, l’Irak, la Syrie, le Liban et l’arène israélo-palestinienne.

Ce stratagème repose sur deux hypothèses clés : 1) l’Iran est une puissance de statu quo ; et 2) « les alliés sont le problème », comme l’a déclaré en 2014 le vice-président de l’époque, M. Biden, en parlant de la Syrie. »

Doran propose en regard une vision d’ensemble sombre et machiavélienne, parfaitement lucide, qui devrait guider les pas des décideurs américains :

« l’administration Biden … adopte une approche utopique de la formulation de la politique au Moyen-Orient. Elle commence par imaginer un avenir radieux dans lequel la Chine, la Russie et l’Iran s’associeront aux États-Unis pour stabiliser le Moyen-Orient. Elle se met ensuite au travail pour vendre cette belle vision à ceux qu’elle a désignés comme futurs partenaires. Mais avec des acteurs aussi cyniques que la Chine, la Russie et l’Iran, l’approche dystopique est la plus sage. Elle consiste à imaginer un avenir très sombre, rempli d’une coopération sinistre entre les adversaires de l’Amérique. Elle cherche ensuite à empêcher cette vision sombre de devenir réalité, grâce à l’art de la géostratégie. »

Par contre si les solutions de l’ancien sous-secrétaire d’État sont conformes au consensus « no boot on the ground » elles sont terriblement irréalistes :

Quels alliés peuvent contribuer à dissuader la Russie et l’Iran ? Trois candidats principaux se présentent : Israël, l’Arabie saoudite et la Turquie. Chacun d’entre eux a un rôle indispensable à jouer, mais grâce à son histoire, sa géographie et sa taille, la Turquie possède un attribut très particulier : elle constitue un contrepoids naturel à la Russie et à l’Iran.

Encore une fois la composante nucléaire du problème iranien et son urgence passent à la trappe. Par ailleurs, compter sur la Turquie pour faire contrepoids au projet pluri décennal de l’Iran est surprenant de la part d’un observateur aussi averti que Michael Doran. Le président turc partage avec les ayatollahs l’objectif de bouter en priorité l’Amérique hors du Moyen-Orient et il est prêt à collaborer avec eux dans cette direction. S’il est un adversaire naturel de l’Iran, ce n’est pas pour instaurer la paix équilibrée et l’ordre, mais la domination d’une Turquie néo- ottomane. Erdogan intervient déjà dans ce sens dans toutes les zones instables de la région, et de façon plus visible que l’Iran car il n’a pas créé son propre réseau de faux-nez. Rien ne montre qu’il soit disposé à coordonner sérieusement  ses activités avec l’Arabie saoudite et Israël. Rien non plus qu’il n’ait pas l’ambition de se doter lui aussi de l’arme nucléaire.

Les deux analystes qui partagent la prémisse consistant à s’appuyer sur des pays tiers pour fonder un ordre jugé favorable par l’Amérique, oublient de conditionner cet appui : ces tiers doivent être de solides alliés, ils doivent être dotés de moyens adéquats, et ils faut qu’ils aient de puissants intérêts propres à agir dans le sens requis. De ce point de vue, la Turquie ne peut être un stabilisateur, l’Iran encore moins. Seuls Israël, l’Arabie saoudite et les Émirats pourraient remplir cette fonction au Moyen-Orient. Et ce sont ces pays qui ont subi les foudres de l’administration Biden dès sa prise de fonctions. Car tout montre que c’est sur l’Iran que comptent les équipes de Biden stabiliser cette région.

La vision pratique de l’administration Biden

La vision de l’administration US est bien résumée par Yoram Ettinger et on est sidéré par la capacité des plus hauts responsables de nier la réalité ou de servir délibérément des balivernes à leurs interlocuteurs israéliens:

« Indépendamment des antécédents systématiques des ayatollahs iraniens – depuis leur ascension au pouvoir en 1978-79 avec le soutien actif du Département d’État et de la CIA – le Secrétaire Blinken fait pression sur Israël pour qu’il accepte l’idée que les ayatollahs sont disposés à une coexistence pacifique avec les régimes arabes sunnites voisins, qu’ils sont prêts à abandonner leur vision impérialiste, fanatique et fondamentaliste, et qu’ils s’abstiendraient de toute guerre et de tout terrorisme régional et mondial, en échange de généreux avantages financiers et diplomatiques. Blinken considère les ayatollahs iraniens comme des partenaires de négociation constructifs, dignes de renoncer à l’option militaire américaine, qui, selon lui, devrait être remplacée par la diplomatie. »[9]

Si on met en cohérence les déclarations, les actes et les bases doctrinales des négociateurs de Biden, on peut énoncer les 6 principes d’action directeurs sur la question iranienne  :

  1. Pas d’engagement des forces armées américaines au Moyen-Orient sous quelque forme que ce soit, en vertu du consensus national ;
  2. En conséquence, il n’est pas question d’affronter le régime des ayatollahs et de lui imposer par la force le démantèlement de son programme nucléaire et balistique. Ce serait l’amorce d’une guerre qui pourrait mener nul de sait où ;
  3. Au contraire, il faut apprivoiser et faire murir ce régime pour qu’il devienne à terme le régulateur des zones les plus déstabilisées de la région, la Syrie, l’Irak, le Liban, le Yémen. Par sa démographie, son passé glorieux et sa résilience, l’Iran en a la stature;
  4. Il faut tout faire pour que l’Iran renonce par la suite de lui-même à son programme nucléaire et ses pulsions agressives ;
  5. Il faut décourager tous les acteurs locaux susceptibles de crisper l’Iran dans ses comportements révolutionnaires avec leur agressivité, leurs harcèlements ou leurs menaces d’agression ;
  6. Il faut désamorcer les craintes des alliés traditionnels qui redoutent le rôle majeur mais inéluctable de l’Iran dans sa région.

Naturellement ces principes ne peuvent pas être affichées tels quels au risque de démentis cinglants :

  • le programme nucléaire est en passe d’aboutir et les ayatollahs ne font pas mine d’y renoncer ;
  • loin de la maturité d’un régulateur le régime iranien renforce ses milices et excite comme jamais les guerres dans les pays de l’arc chiite où il est présent ;
  • il fait peser une menace lourde et permanente sur Israël ;
  • enfin, la peur et le sentiment de trahison dominent plus que jamais chez les alliés traditionnels de l’oncle Sam dans la région.

Mais puisque la réalité résiste à la vision démocrate, pourquoi ne pas attendre qu’elle s’y soumette ?

En fait en guise de hauteur morale l’administration Biden fait de la realpolitik comme tout le monde. Elle relativise l’urgence d’intervenir car le Moyen-Orient est une région secondaire pour elle. Pourquoi s’alarmer de l’Iran quand on s’accommode déjà de l’armement nucléaire de la Corée du Nord, de l’Inde et du Pakistan ? Puisque le Moyen-Orient n’est pas mûr pour une solution douce et qu’une action armée contre l’Iran est exclue, il faut geler le problème. Si les protagonistes ne sont pas encore prêts à faire la paix, c’est leur affaire.

Dans l’immédiat la véritable politique américaine se décline en trois points :

  1. Passer avec le régime iranien, quel qu’en soit le prix, un accord d’attente permettant de différer l’officialisation de la possession de la bombe par l’Iran qui provoquerait un choc dans l’opinion. En tout état de cause, il lui faudra toujours du temps pour accumuler l’uranium enrichi nécessaire à la confection d’un arsenal nucléaire opérationnel ;
  2. Rassurer autant que possible les alliés traditionnels ;
  3. Désamorcer toute velléité israélienne d’attaquer l’Iran ou même de poursuivre ses activités sécrètes de harcèlement qui retarderaient le murissement du régime iranien

La place d’Israël dans les projets iraniens de Biden

L’exigence première pour l’administration en place, c’est neutraliser toute décision autonome d’Israël susceptible d’interférer avec sa politique iranienne. Et elle a pris une foule de décisions pour lui lier les mains.

1 – Museler Israël amicalement et réduire son autonomie : Dès sa prise de fonctions, Biden a demandé un changement dans le style des rapports entre les deux États. Ces rapports devront désormais obéir à deux principes : d’un coté la discrétion et la retenue publique sur les divergences et de l’autre l’échange exhaustif d’informations sur les questions iraniennes. Le gouvernement israélien l’a semble-t-il accepté. Cette nouvelle donne a pour lui un inconvénient majeur : il ne peut plus alimenter la pression de l’opinion publique sur l’exécutif américain en cas de viol manifeste de ses intérêts essentiels. Par ailleurs, il doit informer au préalable Washington des opérations de sa guerre secrète contre Téhéran. Rappelons que les raids décisifs sur Osirak en 1976 et sur le réacteur syrien en 2007 ont été déclenchés sans avertir préalablement la Maison Blanche.

2 – Lui signifier son statut de dépendance . Iron Dome est une excellente illustration d’un rapport de vassalité construit de toutes pièces. Le projet a été largement subventionné par Obama. Bien sûr seule l’Amérique a les moyens industriel de produire les onéreuses munitions du système (80.000 $ l’unité). Dès lors la protection des israéliens dépend des livraisons américaines. C’est pour cela qu’en annonçant la fin de la guerre de 11 jours de mai dernier Biden avait promis de regarnir les réserves de munitions d’Iron Dome, fortement entamées par les 4.000 roquettes du Hamas. Il révélait indirectement que c’était à ce prix qu’Israël avait accepté de terminer trop précocement sa contre-offensive à Gaza. Or les réserves de munitions d’Iron Dome ne sont toujours pas reconstituées[10] pour une sombre histoire d’obstruction du Républicain Rand Paul au Sénat[11]. Et Israël attend toujours face aux milliers d’engins encore entre les mains du Hamas et aux 150.000 missiles du Hezbollah.

3 – Lui refuser les moyens techniques d’une campagne aérienne. Biden a réfusé la demande d’Israël de « faire le travail » en utilisant des B52 et des bombes a forte pénétration. Il a refusé la livraison d’avions ravitailleurs en vol déjà commandés, qui auraient permis l’intervention d’une escadrille israélienne à plusieurs milliers de kilomètres de ses bases. Si Israël a bien été doté de l’avion furtif F35, les États-Unis ont refusé de lui donner accès à son système d’exploitation permettant d’ajuster la configuration des appareils aux exigences de la mission.

4 – L’inciter publiquement à mettre un terme à ses opérations clandestines sur le sol iranien qui perturberaient les négociations en cours à Vienne et inciteraient les Iraniens à accélérer et étendre leurs programmes militaires. Les Israéliens pensent même que les américains tenteraient d’empêcher leur campagne de sabotage.

5 – Déterrer le conflit israélo-palestinien et le thème des droits des Palestiniens à la façon du scotch du capitaine Haddock, pour mettre en permanence les autorités israéliennes sur la défensive. Toute la rhétorique est mobilisée : l’expansion des colonies, les expulsions à Cheik Jarrah, la réouverture d’un consulat à Jérusalem, l’accélération de la reconstruction de Gaza…

Pour les Démocrates, Israël est bien un danger car ils considèrent qu’il pourrait les entrainer dans une guerre de plus au Moyen-Orient, leur cauchemar. Au-delà des différends personnels entre Netanyahou et Obama, il en était de même au moment des négociations de Vienne des années 2013-2016. Auparavant Bush avait révélé à la presse le rôle d’Israël dans la destruction du réacteur nucléaire syrien en 2007 pour exprimer sa colère envers son obligé qui avait agi de son propre chef. Cette révélation publique pouvait susciter une attaque de Bachar Assad alors contraint de laver son honneur.

Comment  neutraliser la menace iranienne ?

La solution politique

La menace existentielle iranienne est l’un des rares sujets qui font l’unanimité en Israël. Il faut avoir en tête que si les tendances actuelles se poursuivent, la guerre d’étranglement menée par l’Iran met l’état juif dans une situation d’impasse stratégique. Il ne pourrait pas résister à une guerre multi-fronts, sous le feu convergent des missiles à guidage de précision et des drones d’attaque, associés aux tunnels et à la cyberguerre, le tout sous parapluie nucléaire iranien. Les autorités du pays et ses forces armées doivent envisager une stratégie pour de sortir de ce piège, c’est leur raison d’être.

Aujourd’hui aucune solution politique globale ne parait possible. Si les perceptions des pays impactés par la nucléarisation et l’expansionnisme iranien convergeaient, un système collectif de sanctions suffisamment robustes triompherait de l’obstination des ayatollahs. Donald Trump s’y est essayé. C’était une véritable démarche de paix, mais les divergences d’intérêts et les stratégies d’influence des Européens en ont triomphé puisque le régime iranien continue à ce jour à tenir et à poursuivre ses objectifs de domination. Le spectre de la prolifération nucléaire est redouté mais elle prendra assez de temps pour ne pas alarmer les Occidentaux. Puisque seul Israël, dont les intérêts de sécurité critiques sont en jeu, a une perception de l’imminence du saut nucléaire iranien et de l’urgence d’agir. Il n’y a donc pas aujourd’hui de perspective réaliste d’une coalition de substitution[12] au groupe P5+1 susceptible d’opposer un barrage politique ou économique à l’Iran.

L’option militaire

On peut dater le réveil de cette option en Israël de la prise fonctions de Joe Biden en janvier 2021. Elle avait été soulevée de 2010 à 2012 puis abandonnée en 2013 pour ne pas interférer avec la première négociation Vienne qui devait aboutir au JCPOA. De profondes divergences avaient surgi à l’époque au sein du pouvoir puisque à deux reprises l’état-major des forces armées (Gabi Ashkenazi, Benny Gantz, Gadi Eisenkot Meir Dagan et Tamir Pardo) avait récusé les demandes du cabinet gouvernemental.

Le 26 janvier 2021 le chef d’état-major Aviv Kochavi déclarait : « J’ai ordonné aux Forces de défense d’Israël de préparer un certain nombre de plans opérationnels en plus des plans existants. » Quelques semaines plus tard une allocation budgétaire de 5 milliards de shekels était décidée à cette fin et de premières commandes d’hélicoptères ont été passées avec les États-Unis en décembre. A de très nombreuses reprise l’intention de frapper l’Iran même seul a été réaffirmée par des ministres, des anciens responsables de la sécurité et des généraux d’active. Cela donnait consistance à ce qui manquait le plus : la volonté de convaincre les ayatollahs de l’existence d’une option militaire contre leur programme nucléaire.

Ces derniers jours, dans la phase finale de la négociation, une formulation stabilisée de la position israélienne a été employée par Naftali Bennett le 10 janvier : «Israël n’est pas partie aux accords ; Israël n’est pas obligé par ce qui est écrit dans ces accords s’ils sont signés, et Israël continuera à maintenir une pleine liberté d’action à tout moment et en tout lieu, sans limitations »[13] Cette position a l’avantage de ne pas être critique envers les Américains pour ne pas compromettre la relation avec un précieux allié/parrain. Elle réserve aussi la liberté d’action de l’État juif qui comprendra dans tous les cas de figure un volet diplomatique en direction des Américains, des Européens des Russes et des Chinois.

Comment sortir de l’impasse stratégique ? En tant qu’observateur notre information sur les données opérationnelles, les forces d’Israël, ses faiblesses, ses vulnérabilités, les solidarités confidentielles entre États, l’état réel des défenses iraniennes, ses capacités opérationnelles, la détermination du régime, sont approximtives. Yaakov Amidror, l’ancien chef du Conseil national de sécurité disait qu’il ne connaissait pas lui-même les capacités réelle de l’aviation israélienne aujourd’hui. Nous n’avons donc ni les compétences ni les moyens de produire autres chose que des constats et des suggestions.

Pour l’heure voici quelques idées à destination non des décideurs mais des lecteurs qui veulent alimenter leur réflexion :

  • Israël ne peut pas laisser se poursuivre la stratégie iranienne sans tomber à moyenne échéance comme un fruit mûr ;
  • La frappe éventuelle sur les programmes nucléaire et balistique iraniens pour une destruction durable suppose des moyens et un environnement dont Israël ne dispose pas sans le concours des Américains, qu’il n’a pas à ce jour. La frappe ne serait pas une simple opération, mais serait le commencement d’une guerre. La position américaine cependant évoluer pourrait évoluer en cas d’échec définitif de la négociation de Vienne et réintégrer une option militaire aux cotés d’Israël;
  • Intervenir sur l’Iran, ce n’est pas nécessairement mettre à bas ses grands programmes militaires. Les cibles peuvent être des infrastructures clés pour ses ressources financières et le fonctionnement de l’État ;
  • La menace balistique du Hamas et du Hezbollah doit être levée. Le protection de la population par Iron Dome et David Sling n’est pas suffisante. Les munitions ont été épuisées par 11 jours de combat en mai dernier et le réapprovisionnement n’est pas assuré 8 mois plus tard. Par ailleurs l’Iran a développé un arsenal de drones pour saturer ces systèmes. Il est possible et pertinent de planifier la neutralisation des deux entités terroristes. On ne « vit » pas avec le terrorisme comme on ne « vit » pas avec un virus. Les opérations auraient un coût humain et financier considérable et incompressible. Mais ces choix cruels sont le fardeau qui s’impose aux nations qui veulent figurer dans le concert des États, au fondement du sionisme.
  • Les initiatives d’Israël pour purger son environnement mité par les milices terroristes et vaincre la stratégie d’étranglement de l’une des dictatures les plus noires des temps présents, doivent toujours s’accompagner d’un volet diplomatique et de grands plans de communication pédagogiques. Il ne faut pas craindre le choc des combats et des pertes humaines sur les opinions à l’étranger. Elles se retourneront à terme devant la noblesse de la stratégie défensive d’un État qui restaure sa souveraineté et protège sa population contre d’épouvantables fauteurs de guerre de notre époque.

[1] Voir Iran Probably Already Has the Bomb. Here’s What to Do about It, par R. James Woolsey, William R. Graham, Henry F. Cooper, Fritz Ermatch, et Peter Vincent Pry, National Review, March 19, 2021,  https://www.nationalreview.com/2021/03/iran-probably-already-has-the-bomb-heres-what-to-do-about-it/

[2] La haine de la théocratie iranienne pour les Saoud, héritée de Khomeyni, ne se dément pas. Elle est au cœur de la volonté d’hégémonie religieuse des chiites qui suivent la doctrine du créateur de la République islamique d’Iran. Voir Saudi royal family are descendants of Jews who fought Muhammad – Iranian general, Jerusalem Post Staff, Jan. 15, 2022 2022  https://www.jpost.com/middle-east/iran-news/article-692595

[3] Why is Iran returning to the negotiating table? Major General (res.) Yaakov Amidror Nov. 14, 2021

https://jiss.org.il/en/why-is-iran-returning-to-the-negotiating-table/

[4] Iran reveals ‘untold story’ of arming Palestinians in Gaza, Seth J. Frantzman, Jan. 11, 2022, https://www.jpost.com/middle-east/article-692178

[5] C’est le nom donné par les stratèges israéliens aux opérations militaires visant à contenir l’expansion iranienne de ses frontières jusqu’au sol iranien sans ouverture officielle des hostilités.

[6] Joint Complete Plan of Action ou Plan d’action global conjoint, conclu mais non signé à Vienne le 14 juillet 2015 entre le groupe P5+1 et l’Iran

[7] The Eastern Mediterranean And Biden’s Terrible, Horrible, No Good, Very Bad Geostrategic Gambit, par Michael Doran, Hoover Institution, Dec. 7, 2021 https://www.hoover.org/research/eastern-mediterranean-and-bidens-terrible-horrible-no-good-very-bad-geostrategic-gambit

[8] Order Before Peace,  Kissinger’s Middle East Diplomacy and Its Lessons for Today par Martin Indyk November/December 2021 https://www.foreignaffairs.com/articles/middle-east/2021-10-13/henry-kissinger-middle-east-peace

[9] US pressure: A test of American realism and Israeli leadership Yoram Ettinger JNS Oct. 27, 2021 https://theettingerreport.com/us-pressuring-israel-a-test-of-us-realism-and-israeli-leadership/

[10]  « Les stocks de munitions sont une préoccupation majeure pour les planificateurs israéliens après que le pays ait épuisé la majeure partie de son stock de dôme de fer l’année dernière lors de frappes à Gaza. » Voir  Israel wants US to bolster its weapons stockpile in Israel Arie Egozinon janv. 14, 2022 https://breakingdefense.com/2022/01/israel-wants-us-to-bolster-its-weapons-stockpile-in-israel-sources/

[11] Voir Major Jewish groups urge Senate to take immediate action to replenish Iron Dome, Sean Savage, JNS, Janv11,2022 https://www.jns.org/major-jewish-groups-urge-senate-to-take-immediate-action-to-replenish-iron-dome/  et Pro-Israel groups fearful that Iron Dome funding may end up blocked long-term  par Dmitriy Shapiro, JNS, Janv. 17, 2022 https://www.jns.org/pro-israel-groups-fearful-that-iron-dome-funding-may-end-up-blocked-long-term/

[12]  Boaz Ganor propose la création d’un OTAN2.0 pour éviter à Israël d’affronter seul l’Iran. Cette coalition à l’initiative des Etats-Unis offrirait un parapluie nucléaire à Israël et menacerait l’Iran de Destruction Iranienne Assurée ou AID en anglais. Il semble ne pas avoir observé avec quelle énergie les Démocrates américains refusent de menace cotre l’Iran. Voir  Israel should not attack nuclear Iran alone, but should join a NATO 2.0 Boaz Ganor, janv. 16, 2022 https://www.jpost.com/opinion/article-692693

[13]  Bennett: Israel not obligated by Vienna talks  par Lahav Harkov, Gil Hoffman, Jerusalem Post,  jan.10, 2022, https://www.jpost.com/breaking-news/article-692061

Ancien professeur de sciences sociales et consultant en stratégie d'organisation, rédacteur en chef de la revue Controverses.