La droite politique israélienne

Dans la campagne en cours pour le scrutin législatif du 23 mars 2021, les partis identifiés à droite sont nombreux et la liste présentée ici n’en retient que les principaux.

 

A droite aussi, les frontières politiques se brouillent pour de nombreuses raisons, qui ne tiennent pas toutes à l’idéologie. Tous les partis présentés ici ont en tout cas un ancrage, même partiel, dans le conservatisme.

Les généralistes

Likoud : Le parti le plus ancien, puisqu’il date de 1977 et celui qui a aussi la plus longue présence au pouvoir.

Son nationalisme est tempéré par un pragmatisme diplomatique. C’est le Likoud, sous la direction de Benyamin Netanyahou qui a signé les Accords de Wye sur le retrait israélien de Hébron en 1997. C’est encore Benyamin Netanyahou qui en 2009 a exprimé son accord de principe à la formule de deux Etats pour le règlement du conflit israélo-palestinien. Plus récemment, c’est le Premier ministre Likoud qui a renoncé au projet d’extension de la souveraineté israélienne aux implantations de Judée Samarie, au profit de la normalisation des relations d’Israël avec plusieurs régimes sunnites. Dans cette optique, sa ligne relève d’une forme de conservatisme, qui privilégie l’équilibre et le compromis à la confrontation et au conflit.

Sur le plan économique : le Likoud est favorable à un certain libéralisme et à l’économie de marché, compatibles avec le conservatisme. Il poursuit une dérégulation de l’économie israélienne, mais sans encore toucher réellement aux grandes entreprises publiques, ni aux grandes formations syndicales.

Tradition : l’assise sociétale du Likoud, dont l’électorat compte toujours une importante base séfarade orientale et traditionaliste lui donne une position également proche des idées conservatrices sur les institutions, la famille et les valeurs traditionnelles.

Le Likoud adhère à la définition d’Israël comme Etat-nation du peuple juif, mais ne donne pas de rôle prépondérant aux valeurs religieuses.

Yamina : Fondé en 2018 par Naftali Bennett et Ayelet Shaked.

Son positionnement général est proche de celui du Likoud. Il en diverge toutefois sur son dosage de nationalisme, puisqu’il a notamment condamné le gouvernement pour son abandon du projet d’annexion en Judée Samarie.

Concernant les institutions et l’équilibre des pouvoirs, c’est Ayelet Shaked, durant son mandat de ministre de la Justice, qui a mis en œuvre le projet de réforme des institutions judiciaires, en commençant à réformer le mode de nomination des juges à la Cour Suprême.

Nouvel Espoir (Tikvah H’adasha) : Fondé fin 2020 par Gideon Saar, transfuge du Likoud.

Le parti de Gideon Saar se présente également en alternative au Likoud. Les différences entre les deux partis sont d’ailleurs difficiles à distinguer, d’abord par manque de recul et ensuite parce que Saar, qui a fait toute sa carrière politique au Likoud, ne l’a quitté que parce qu’il a échoué à en prendre la direction à Netanyahou.

Les religieux sionistes

Ils ont vu leur électorat s’émietter progressivement au profit de partis généralistes de droite et de centre-droite et aucun d’eux n’est certain de siéger individuellement dans la prochaine Knesset. On peut les distinguer des autres partis de droite par un conservatisme plus nationaliste et aussi plus ancré sur la religion.

Ils sont actuellement au nombre de trois : le Foyer Juif, continuité de l’ancien Parti National Religieux. Sionisme religieux : nouvelle appellation du parti Unité Nationale de Betzalel Smutrich, d’orientation plus nationaliste. Force Juive (Otsma Yehudit) : de l’activiste nationaliste Itamar Ben Gvir. Ces deux derniers sont également proches des courants orthodoxes nationalistes (« H’ardalim »).

Les orthodoxes

Les partis orthodoxes ne retiennent du conservatisme que sa dimension religieuse. Si les séfarades ont intégré l’élément nationaliste en acceptant le sionisme et l’Etat d’Israël, les ashkénazes se limitent à la défense des intérêts de leur secteur, qu’ils estiment actuellement mieux servis par une alliance avec la droite.

Yaadout HaTorah : union des deux partis orthodoxes ashkénazes, Agoudat Israël et Degel HaTorah avec présidence alternée. La prise de décision politique se fait avec l’aval d’un conseil de rabbins.

Shass : parti orthodoxe séfarade, dirigé par Arié Derhy. Le parti est également subordonné aux avis de son conseil de sages. C’est l’autorité décisionnaire à laquelle se soumettent les élus du parti. Ce qui explique que le Shass ait soutenu les accords israélo-palestiniens avant de s’orienter vers la droite.

 

Pascale ZONSZAIN, journaliste. Couvre l’actualité d’Israël et du Proche-Orient pour les médias de langue française. Auteur de nombreux reportages et enquêtes sur les sociétés israélienne et palestinienne.